
Diane Haché à la fin de son voyage arctique. (Gracieuseté DH)
« […] Ça commence par une pensée, la pensée va au rêve pis après ça, c’est la réalisation. »
Diane Haché
Diane Haché, une résidente de Yellowknife, a terminé en août dernier à l’âge de 62 ans un périple en kayak qui s’est échelonné sur huit ans. Un voyage à la découverte des limites du corps humain et du Nord.
Durant ses vacances d’été, la kayakiste a réussi à faire le chemin entre Yellowknife et Gjoa Haven, au Nunavut, en descendant le fleuve Mackenzie et empruntant le passage du Nord-Ouest pour arriver à ses fins. Elle interrompait son parcours à la fin de ses vacances avant de le reprendre l’année suivante, là où elle l’avait arrêté. Au départ, elle s’était donné comme objectif de se rendre jusqu’à Tuktoyaktuk. Cependant, son premier regard vers l’océan l’a fait tomber sous le charme. Elle a donc décidé de continuer son parcours, sur l’océan Arctique. Elle a consacré les années 2011 et 2012 à la préparation de la suite du voyage.
Même si elle aurait préféré être en duo durant toutes les étapes, l’aventurière n’a été accompagnée par son ami Michel que durant deux séances de kayak seulement, ce qui a généré de l’inquiétude chez ses proches. Malgré tout, ceux qui connaissent Mme Haché savent qu’elle a l’habitude de miser sur une bonne analyse des situations et du risque avant de se lancer. À titre d’exemple, elle a souvent décidé de rester au même endroit plusieurs jours, puisque les vents provenant majoritairement du nord-ouest ne lui permettaient pas de continuer.
Cette année, elle a senti la chance tourner en sa faveur. Selon elle, le plus difficile dans l’Arctique, c’est le froid et le vent, et contrairement à son habitude, les rafales soufflaient du sud, ce qui a adouci la température.
Ce voyage lui a permis de vivre des moments de bonheur lors de rencontres avec des gens accueillants dans les villages qu’elle a visités. Elle s’est également émerveillée devant la faune qu’elle ne perçoit plus comme « prédatrice », mais plutôt comme composée d’êtres « curieux ». Elle l’a notamment constaté lorsqu’elle naviguait sur l’océan avec les bélugas : « Ils étaient tellement proches que j’aurais pu les toucher avec mes pagaies », relate-t-elle alors qu’elle se rappelle ce moment privilégié.
L’excursion lui a aussi permis de connaître ses limites mentales et physiques. Effectivement, la pagayeuse s’est entraînée durement afin d’avoir plus d’endurance et de renforcer ses bras et ses abdominaux. Son corps, tout comme son mental, a été mis à l’épreuve lorsqu’elle a entamé la traversée d’une baie de seize kilomètres : « Rendue au milieu de la baie, le vent s’est levé, pis c’était pas un petit vent, alors [un trajet que je croyais] allait prendre trois heures, a pris cinq heures. Dans les cinq heures, je n’ai pas été capable de prendre une goutte d’eau, j’ai pas été capable de prendre une granola […]. Il fallait que je tienne mon kayak carré à la vague pour pas flipper, se souvient-elle.
Malgré tout, ce qu’elle retient de ces étés sur l’eau, c’est qu’il faut oser entamer ses rêves et ne pas se laisser décourager. Après 25 ans comme femme au foyer, madame Haché a durement vécu le départ de ses enfants de la maison. Elle incite ainsi toutes les femmes à ne pas croire qu’après la cinquantaine, elles doivent arrêter de vivre, au contraire : « Sortir de la zone de confort… pis vivre ! […] À cet âge-là, la vie, comme femme, nous donne une seconde chance », affirme-t-elle.
La fin de du voyage coïncidant avec le 150e anniversaire du Canada, il s’agit pour la sportive d’un moyen de faire sa part pour les festivités. Même si cette expédition épisodique est maintenant bel et bien terminée, la kayakiste ne compte pas en rester là. Elle changera son kayak pour le vélo et poursuivra son exploration dans le sud du pays au cours des prochaines années. Un nouveau chapitre commence.