Plonger sous les glaces du fleuve Mackenzie ou de l'océan Arctique, c'est
le gagne-pain de Wayne Gzowski qui dirige son entreprise, Arctic Divers
Ltd. fondée en1974.
« Ils nous faisaient faire des push up avec les bombonnes d'oxygène sur le
dos », se rappelle-t-il au sujet de sa formation de base en plongée
sous-marine, reçue auprès des forces navales. « Je détestais ça, mais je me
rends compte que cela m'est très utile aujourd'hui », admet Wayne Gzowski
avec un petit sourire.
Être en bonne condition physique est un facteur essentiel pour descendre
dans des eaux dont la température varie entre - 3 C et + 2 C. Que ce soit
pour inspecter les barges servant au transport des vivres dans les endroits
reculés, pour effectuer des réparations sur le système d'approvisionnement
en eau potable d'une communauté ou pour vérifier l'état d'un pipeline
immergé, les plongeurs ont besoin d'équipement lourd spécialisé.
Quand Wayne et son équipe « prennent leur trou » et descendent dans le
monde silencieux en suivant une corde qui les relie à la surface, trois
systèmes d'urgence sont nécessaires. Si le compresseur en surface cesse de
fonctionner, des bombonnes (elles aussi en surface) assurent une
alimentation en oxygène aux plongeurs. Et si ce système flanche, les
plongeurs possèdent également une bombonne de secours sur leur dos. Pas
question de prendre des risques. Quand le mercure indique -40šC en surface,
un bris mécanique peut survenir à tout moment.
Parfois, malgré tous ces systèmes, le mieux c'est encore d'avoir un fidèle
compagnon de la race canineŠ pour prévenir les visites impromptues.
« Lorsque j'effectuais une plongée près de Paulatuk, un ours polaire s'est
approché du trou par lequel j'avais plongé, pensant avoir découvert une
polynie, cette ouverture dans la glace par laquelle émergent les phoques
pour respirer ». Avertis par le chien, des gens de la communauté sont allés
chercher leurs fusils, en motoneige, histoire de faire peur au visiteur
trop curieux. Pendant ce temps, Wayne poursuivait sa descente parmi
crevettes et anémones, sans se douter du danger qui rôdait en surface.
La plongée dans les eaux glaciales est donc une aventure qui nécessite une
bonne compréhension des dangers spécifiques de l'Arctique ! Bien sûr,
plusieurs lui demandent comment il fait pour endurer le froid et les eaux
glaciales. « Les cellules de mon cerveau sont mortes de toute façon ! »,
répond celui qui n'a pas la langue dans sa poche. « Tu apprends à vivre
avec mère nature et tu ne pousses jamais ta chance », conclut Wayne Gzowski
pour qui la plongée en combinaison étanche demeure plus qu'un travail, mais
une passion !