Daniel Larocque, seul préposé au stationnement bilingue à Yellowknife,
occupe ce poste depuis juin 1999. Prend-il plaisir à parcourir les quelques
rues de Yellowknife munies de « voraces » ? « J'ai un job à faire, je le
fais. Tout le monde pense que l'on a un certain quota de contraventions à
remettre quotidiennement, mais ce n'est pas le cas ! Il faut utiliser son
jugement, surtout dans une petite ville comme Yellowknife où les cancans se
répandent très rapidement », commente Daniel avec un petit sourire.
L'une des justifications les plus tordues qu'il ait entendues pour éviter
de payer un billet : « Une personne, stationnée dans un endroit réservé aux
personnes handicapées, m'a lancé : - Quelle personne handicapée va se
stationner ici à 9 h 10 le matin ». Cette personne ne s'en est pas sortie
indemne et elle a dû payer la jolie somme de 250 $ pour cette infraction
bien particulière.
La ruée vers Yellowknife
L'époque où la femme au foyer pliait bagage pour suivre son beau est
presque révolue. Aujourd'hui, avec l'arrivée massive de la gent féminine
sur le marché du travail, le beau doit parfois partir à l'aventure et
suivre sa belle qui a obtenu un contrat à Yellow-knife ! Vous voyez où je
veux en venir ? Daniel a décidé de faire le saut avec sa femme, Marjolaine,
et son fils, Yannick, à destination du Grand Nord.
Natif d'Ottawa, monsieur le préposé a travaillé pendant près de 18 ans au
Conseil des arts du Canada. Il était en charge des achats et des réunions.
Son épouse, qui « fait partie des meubles » au ministère des Affaires
indiennes et du Nord canadien [puisqu'elle y travaille depuis 29 ans], a
reçu une offre d'emploi à Québec. La petite famille en a discuté et a pris
le chemin de la capitale.
Deux ans plus tard, la vie des Larocque prenait un autre tournant. «
Marjolaine est arrivée à la maison un soir et m'a dit « J'ai une bonne et
une mauvaise nouvelle : j'ai reçu une offre d'emploi [bonne nouvelle], mais
il faudrait déménager à Yellowknife [mauvaise nouvelle] », raconte Daniel.
« Nous en avons discuté pendant cinq minutes, puis je lui ai dit oui [pour
une troisième fois !] ».
« Quand l'opportunité est là, tu rouvres la porte », affirme Daniel en
faisant référence au départ à destination du Nord. « Yannick n'était pas
trop content de s'en venir ici, mais aujourd'hui ça va bien. Je suis
vraiment fier de lui. L'an dernier, il a remporté le « Public Speaking
Award » à l'école secondaire St Pats. Il part l'an prochain pour aller à
l'université en Alberta suivre une formation en administration des affaires
bilingues.
Yannick, Marjolaine et Daniel sont tous trois bilingues. « J'ai appris mon
anglais dans les rues d'Ottawa avec mes amis. Mon grand-père était
bilingue, mon père également, c'est la tradition. Le Québec souhaite
préserver la langue française et moi je veux préserver le bilinguisme. Une
personne qui parle juste une langue est handicapée », s'exclame Daniel. «
Le français, c'est ma langue et je ne vais pas la perdre ! On parle en
français à la maison.! », ajoute-t-il toutefois avec conviction.
Il faut mentionner que les parcomètres nordiques sont une des rares
commodités qui sont moins dispendieuses qu'au Sud dont le tarif horaire est
inférieur à ceux que l'on retrouve dans une ville comme Montréal où il en
coûte parfois 1,50 $ de l'heure pour stationner son véhicule au
centre-ville. Ici, il faut déposer 75 ¢ pour avoir une heure de
tranquillité d'esprit ! Ils rapportent d'ailleurs 225 000 $ en revenu brut
annuel à la ville de Yellowknife.
Rassurez-vous, un jour ou l'autre, chaque individu est victime (ou témoin) d'un oubli, d'une négligence ou tout simplement coupable de délinquance, n'est-ce
pas ? Vous aurez peut-être le bonheur de recevoir ce service en français à
Yellowknife !