
En 2020 la saison des feux de forêt aux TNO était inférieure à la moyenne, néanmoins, l’année 2021 enregistre quant à elle une progression fulgurante avec 69 incendies supplémentaires. (Crédit photo : Matt Howard)
En 2016, des images satellites capturées par une équipe de recherche d’Amsterdam aux Pays-Bas révèlent la présence d’incendies souterrains actifs aux Territoires du Nord-Ouest. Fait rare, ces brasiers se consumaient durant la période hivernale et furent identifiés comme étant des « feux zombies ».
Aux Territoires du Nord-Ouest, la saison des incendies débute en juin. La fonte des glaces et les orages estivaux forment une combinaison favorable aux départs de feux dans les contrées nordiques. Les « feux zombies » sont des vestiges d’incendies des années passées qui poursuivent leur activité sous la terre en hiver. Une équipe de scientifiques de l’université libre d’Amsterdam a rédigé un rapport, publié dans la revue scientifique Nature, pour établir la fréquence de ces incendies habituellement très rares. « Les incendies de forêt sont généralement considérés dans le contexte d’une seule saison d’incendies, au cours de laquelle les conditions météorologiques et l’approvisionnement en combustible peuvent se combiner pour créer des conditions favorables à l’allumage du feu et se propager », peut-on lire dans l’étude publiée en mai 2021.
Inédits et complexes à identifier, ces brasiers enfouis ont un « comportement d’hivernage », « c'est-à-dire qu’ils couvent pendant la saison sans incendies et s’embrasent au printemps suivant ».
Un algorithme élaboré par les chercheurs a permis de constater une accélération. « Entre 2002 et 2018, les incendies hivernaux étaient responsables de 0,8 % de la superficie brulée totale ; cependant, en un an, cela s’élevait à 38 %. »

Les « feux zombies » sont le résultat d’incendies qui se sont produits
dans le passé et qui continuent d’être actifs sous terre même en hiver. (Crédit photo : Landon Parenteau)
Un terrain favorable, démultiplié par les effets du changement climatique
Les scientifiques sont parvenus à expliquer l’apparition des « feux zombies ». Tout d’abord, les forêts boréales du Nord canadien sont composées d’arbres adaptés et tolérants au froid extrême. Parmi ces espèces, des pins, des épinettes, des sapins, mais aussi des thuyas. Ces forêts abritent des sols organiques profonds, eux-mêmes composés de végétation morte comme des plantes, des branches, de la mousse, qui grâce au froid se décomposent très lentement et deviennent un terrain favorable à une combustion lente en cas d’incendie. « [Dans cette étude], nous montrons que les feux hivernaux dans les forêts boréales sont associés à des étés chauds générant de longues années de feu et des brulures profondes dans les sols organiques. Des conditions qui sont devenues plus fréquentes dans nos zones d’étude au cours des dernières décennies », décrivent les experts.
Par ailleurs, la formation de ces feux est favorisée et multipliée par les effets du réchauffement climatique. « Des sols organiques profonds favorables à la combustion lente, ainsi qu’un réchauffement climatique accéléré, peuvent présenter des conditions exceptionnellement favorables à l’hivernage. »
En 2021, 139 feux de forêt ont été recensés aux Territoires du Nord-Ouest, ravageant sur leurs passages plus de 144 680 hectares. En 2020, les autorités avaient recensé 70 incendies et 21 139 hectares brulés. Si en 2020 la saison des feux de forêt était inférieure à la moyenne, l’année 2021 enregistre quant à elle une progression fulgurante.