Lorsque Niccolo Paganini décide de laisser la cour française de la princesse Élisa Bonaparte, devenue Grande-duchesse de Toscane, il s’installe en Florence et entame une tournée dans le nord de la péninsule italienne entre Gênes, Parme et Milan, où se trouve le théâtre de la Scala.
C’est à ce théâtre, qui rayonne sur les grandes salles de concert d’Europe, que Paganini fait la rencontre d’Alessandro Rolla son premier maitre, celui auprès duquel son père l’avait conduit à Parme quand il avait 14 ans. Rolla était le premier violon de l’orchestre de la Scala et avait le rôle de directeur de l’orchestre. Il offre à Paganini l’occasion de se produire dans des spectacles, soit comme premier violon lorsqu’il présente ses propres compositions ou comme membre de l’orchestre lors de ses représentations publiques.
C’est dans ce théâtre, en 1813, que son prestige de grand violoniste s’établit, illuminant le ciel de la musique classique européenne avec ses variations sur Le Noyer de Bénévent, un thème de ballet composé par Franz Xaver Süßmayr. Le ballet, chorégraphié par Salvatore Vigano, raconte un rite selon lequel des sorcières se réunissent et dansent, au sabbat, autour d’un noyer dont les fruits et les noix sont aphrodisiaques.
Niccolo Paganini reprend le morceau qui accompagne les danses des sorcières et y introduit des variations dans lesquelles il fait montre de sa grande dextérité en jouant sur son violon Guarneri — dont l’archet est plus long que la norme — des mouvements difficiles à reproduire dans son ensemble (démanchés, double cordes, glissandos, pizzicatos, trilles et trémolos) mobilisés par la rapidité de ses changements d’échelles. Le thème connu sous nom de Le streghe (les sorcières) plonge l’auditoire en complet silence transi d’écoute et d’admiration qui explose en catharsis d’applaudissements. Son prestige se répand alors en force dans la péninsule italienne et en Europe. Plusieurs théâtres et cours réclament ses performances. Il quitte donc Milan en 1816 en direction du sud, à Rome.