La poésie comme genre littéraire, associé à des versifications structurées par des règles prosodiques permettant aux poètes de dynamiser la parole dans des rythmes particuliers pour signifier des intensités qualificatives des images perçues et ressenties, fait convergence avec la poétique de la composition musicale dans les compositions de Richard Wagner lorsqu’il rencontre Mathilde Wesendonck en 1852. Poétesse et épouse d’Otto Wesendonck, elle devient non seulement sa mécène, mais une muse qui lui inspire les textes des livrets de ses opéras. L’amour pour la langue allemande, structurée en poésie, s’épanouit à travers leurs dialogues et la lecture des poèmes écrits par Mathilde. Richard Wagner sélectionne cinq de ses poèmes et compose les Wesendonck lieder suivi du livret de son opéra Tristan et Iseult.
En 1864 il retourne en Allemagne (après que Minna, son épouse l’eut quitté et que son bannissement de Dresde fut levé). Il s’installe tout d’abord à Biebrich, près de Munich, ville dans laquelle le roi Louis II de Bavière devient son mécène, son ami et son ardent admirateur. C’est lorsqu’il est à Munich qu’il tombe amoureux de (et hautement inspiré par) Cosima von Bülow, épouse de son chef d’orchestre et fille de Franz Liszt. Son amour est réciproque et Cosima quitte son époux pour le marier. Ils ont des enfants ensemble et restent en couple jusqu’à ce que Richard Wagner décède à Venise en 1883.
Comme écrivain, il édite plusieurs essais relatifs à la théorie et au développement de la musique classique tels que Le travail de l’art au futur et opéra et drame dans lesquels il expose sa philosophie. L’article qui devient controversé avec le temps est Judaïsme et musique qui, en fait, est une critique musicale de l’opéra le prophète de Giacomo Meyerbeer, et de certaines des ouvertures de Mendelssohn dans lesquelles il critique la faible intégration des juifs à la culture allemande. Cet article est considéré par plusieurs critiques comme étant le reflet de son antisémitisme, alors que d’autres opposent qu’il n’est pas antisémite puisqu’il a grandi sous la protection de son beau-père Ludwig Geyer, qui était juif et pour qui il professait un grand amour et respect au point de vouloir changer son nom de famille pour celui de Geyer. Toutefois il est demeuré radical dans sa vision du nationalisme germanique, bien enraciné dans les mythologies ancestrales.
Comme poète et compositeur, il laisse plus de 130 compositions musicales dont les plus importantes sont des lieder et des opéras. Parmi ces opéras (qu’il appelle « drames »), l’œuvre majeure de sa vie est la tétralogie Der Ring des Nibelungen (L’anneau du Nibelung) composée de plus de huit-mille vers distribués en quatre opéras : L’or du Rhin, La Valkyrie, Siegfried et le Crépuscule des dieux. Ensemble, ces quatre opéras ont une durée totale d’entre 13 et 15 heures (selon les prestations). Elles ont été présentées dans l’opéra de Bayreuth que Louis II de Bavière avait fait construire sous la supervision de Wagner, car celui-ci souhaitait présenter ses œuvres en accord avec son principe de Gesamtkunstwerk (œuvre totale) et nécessitait donc un bâtiment qui allait savoir répondre à ses critères artistiques.