La fuite de Richard Wagner de Dresde en 1849 le trouve englobé dans la fin de la période du Vormärz en Allemagne. Mouvement qui est né en 1817 comme un mouvement littéraire et politique dans la ville d’Iéna, lors de la célébration du troisième centenaire de l’affichage des 95 thèses de Martin Luther sur les portes de la cathédrale de Wittenberg. Plusieurs centaines d’étudiants universitaires se sont réunis avec des poètes et des philosophes autour du château de Wittenberg pour énoncer des critiques sévères contre la gouvernance des princes. Ils exigeaient aussi des réformes politiques sous les principes de l’union, du droit et de la liberté (dans le contexte où la révolution industrielle en Allemagne commençait à se développer autour des entreprises métallurgiques). Mouvement qui provoque la réaction du gouvernement ; celui-ci proclame les décrets de Karlsbad en 1819 pour contrecarrer les idées révolutionnaires et la propagation des idéaux démocratiques de la Révolution française, en créant un système de contrôle dans les universités et en contrecarrant la liberté de presse. Situation dans laquelle Richard Wagner agit, et, lorsque la révolution éclate et échoue en 1849, il est identifié comme agitateur.
Laisser Dresde, accompagné par Minna, son épouse, n’anéantit pas sa force créative, ni dans la littérature ni dans la musique. Cet évènement est le point de départ de la deuxième partie de sa vie, qui s’éteindra à Vienne en 1883. Période dans laquelle il privilégie les compositions d’opéras dans une philosophie de Gesamtkunstwerk selon laquelle la composition de l’opéra ne se concentre pas seulement dans la musique et le lyrisme mais aussi dans le décor et la chorégraphie. Tous ces éléments doivent être unitaires avec les sous-thèmes traités dans l’œuvre. L’opéra doit être une synthèse de toutes les formes d’art pour renforcer les changements émotionnels et sentimentaux représentés par les acteurs. Dans ce cadre philosophique qui soutient ses compositions, il transige par Paris. Ville dans laquelle il ne se sent pas inspiré et continue son voyage vers Zurich en s’installant au bord du lac Léman, hébergé par les époux Otto et Mathilde Wesendonck qui lui offrent leur appui comme mécènes pendant qu’il commence à composer l’Or du Rhin et la Valkyrie. Durant cette période, il est fortement inspiré par les poèmes de Mathilde Wesendonck pour lesquels il compose des lieder.