
Cathy Allooloo, qui supervise la construction des iglous, montre à des élèves comment tailler un bloc de neige qui ne voulait pas rester en place.
Ceux-ci doivent être empilés en spirale pour faciliter la construction. (Crédit photo Marie-Soleil Desautels)
Les activités autochtones sont à l’honneur à l’école Allain St-Cyr cette semaine.
L’objectif : mettre en pratique les connaissances des élèves et prendre contact avec ces cultures.
Construction d’iglous, ateliers sur la découpe de poissons et de création avec leurs écailles et sorties en chiens de traineaux ne sont que quelques-unes des activités qui figurent à l’horaire de la semaine à l’école Allain St-Cyr. La direction a organisé une semaine d’activités autochtones pour ses 165 élèves.
« C’est dans notre programmation scolaire : on doit promouvoir la culture autochtone, explique la directrice de l’école, Sylvie Larose. C’est important, car on est sur le territoire déné. Les enfants doivent comprendre où ils se trouvent. Déjà que l’école francophone est dans un milieu minoritaire, il faut leur enseigner chez qui on habite et l’histoire du peuple déné. »
Après un court échange dans son bureau — où flotte une odeur de poisson à cause de l’atelier de découpe à quelques locaux de là — la directrice revêt son manteau d’hiver et se dirige vers le site de construction d’iglous. Des élèves de 7e et de 8e année taillent des blocs de neige à la scie et au couteau. L’un des trois iglous est déjà terminé ; deux en devenir.
« C’est la première fois que je construis un iglou, dit la jeune Alice, entre deux coups de couteau. C’est bien ! »
D’autres empilent les blocs de neige en spirale pour faciliter la construction d’un dôme sous l’œil attentif de Cathy Allooloo, superviseuse du chantier engagée par l’école. « Je ne suis pas autochtone, mais je suis copropriétaire de l’entreprise touristique NARWAL Northern Adventures et j’enseigne des savoirs traditionnels, dont la construction d’iglous », explique-t-elle.
La directrice s’engouffre dans l’iglou terminé pour l’observer de l’intérieur et y discute avec un élève à l’abri. Elle délaisse le chantier et retourne, peu après, à son bureau.
Plus loin, sous la tente, il fait plus chaud que dans l’iglou. Et c’est l’heure du conte pour les plus petits. L’histoire de Judy Whitford, coordonnatrice aux langues et à la culture autochtone au ministère de l’Éducation, de la Culture et de la Formation, captive les jeunes de la maternelle. Ils ont tous soit un dessin soit une peluche d’orignal ou de poisson entre les mains.
« Le créateur avait donné un panache aux orignaux, tant aux mâles qu’aux femelles », conte-t-elle. La légende qu’elle raconte explique pourquoi les femelles n’ont plus de bois : la première de la lignée les a retirées pour s’alimenter plus facilement et un poisson les lui a volées !
L’école a « sollicité le ministère » pour que des « personnes de la communauté qui ont les compétences nécessaires puissent offrir les activités qu’on souhaite », explique celui qui s’est occupé de la logistique de la semaine, Zakaria Traoré, animateur culturel à l’école Allain St-Cyr. C’est ainsi que des fonctionnaires ont participé aux activités.
C’est afin de respecter la vision du monde des Autochtones que le ministère de l’Éducation, de la Culture et de la Formation a, entre autres, créé le programme éducatif Dene Kede. Selon le site internet du ministère, ce programme « englobe les langues, les cultures et les philosophies de cinq nations dénées ». Le personnel scolaire doit l’intégrer obligatoirement à son curriculum.
L’école travaille sur cette semaine d’activités autochtones depuis octobre. Plusieurs Autochtones y participent, dit la directrice. « On a décidé de faire une telle programmation pour rendre ça encore plus intéressant et que les gens s’amusent, dit Mme Larose. Et on ne va pas à la pêche juste pour aller à la pêche. Il y a un côté pédagogique pour chaque activité. Par exemple, avant de construire un iglou, les élèves vont apprendre en classe à quoi ça sert et ainsi de suite. La théorie, c’est beau, mais c’est le fun de mettre ça en pratique ! »
La directrice, en poste depuis trois ans, prévoit d’autres éditions pour les années à venir. Histoire de continuer à avoir du fun.