
Incapable de se réunir avec ses musiciens durant la période de confinement, le rockeur Digawolf a composé les pièces de l’album High Arctic en bidouillant avec des appareils électroniques. (Crédit photo : Maïa Lepage)
La facture sonore de High Arctic, septième album studio du vétéran de la scène musicale indépendante des TNO,
est teintée par l’utilisation d’un séquenceur.
Tantôt hard rock, tantôt folk ou même prog, l’auteur-compositeur-interprète tli?cho Digawolf semble voguer sur un mouvement perpétuel sans perdre son identité sonore. De son propre aveu, il aime expérimenter.
Pour son précédent album, Yellowstone nommé pour un Juno, il avait confié la production et les arrangements au Danois Jan de Vroede. Pour High Arctic, paru en novembre, Digawolf, alias Jesse James Gon, reprend le contrôle.
Au total, dix pièces dont la facture est marquée par l’usage du logiciel de musique Ableton Live, un appareil populaire auprès des artisans de la scène EDM. C’est le cas des instrumentales « Alien technology » et « Dancing with wolves », qu’on danserait volontiers.
Mais c’est toujours cette couleur de guitare et cette voix basse, ce caractère rugueux, cette persistante combinaison de violence et de tendresse distinguables dès les premières mesures qui font qu’on reconnait instantanément Digawolf.
Son nouvel ami, Ableton
Le confinement, rendant impossibles les pratiques avec son orchestre, a donné au musicien l’occasion d’expérimenter avec ce logiciel, quelque chose qu’il avait toujours voulu faire sans en trouver le temps.
« Mon fils [le jeune Dj Kilo November] voulait que je lui apprenne à se servir du logiciel Ableton, explique Digawolf. J’ai commencé à apprendre à faire du montage avec ça et j’ai vraiment commencé à aimer ça. J’ai monté des pistes avec ma poésie. »
Après la quarantaine, le musicien né à Behchoko` a retravaillé ces enregistrements avec ses musiciens et a commencé à les jouer en spectacle, toujours en utilisant Ableton.
Son principal instrument demeure la guitare (il adore modifier son son avec des pédales), mais il dit avoir beaucoup appris en jouant avec les boucles musicales générées par le séquenceur et trouver le processus de création inspirant. Digawolf dit savourer la fusion d’organique et d’électronique qui en résulte.
« J’ai un autre projet en parallèle avec la même démarche, révèle-t-il. J’appelle ça de la musique indienne électronique. Je ne sais pas où ça va aller. »
Textes
C’est dans son carnet de poèmes, qu’il traine partout où il va, que Digawolf a puisé la matière de ses chansons.
Il avoue une certaine préférence pour la douce « Voices in my head » (have you ever wonder what happens to our soul after death), la plus longue pièce de High Arctic, dont le texte a été écrit il y a deux ans.
« Ini Ko », seule pièce écrite en tli?cho, est une ballade où l’auteur se rappelle son enfance et les départs de son père pour des voyages de trappe et de chasse, « avec sa hache, sa tente et son poêle portatif ».
Le titre de l’album tient d’un humour un peu hermétique autant que de la latitude. « Quand je vais dans le Sud pour étudier ou faire de la musique et que je les gens me demandent d’où je viens, raconte Digawolf, je leur réponds Yellowknife, aux Territoires du Nord-Ouest, ils me demandent toujours où c’est, alors j’ai fini par dire “High Arctic”. »