Iqaluit - Plusieurs participants à la consultation ont souligné que la clé
pour lutter contre la discrimination et le racisme réside entre les mains
des communautés. « Si l'on souhaite voir des changements durables, il ne
faut pas seulement se fier aux lois ou aux politiques du gouvernement », a
soutenu la secrétaire d'État pour le multiculturalisme, Hedy Fry. « Il a y
une grosse différence entre nos lois et la réalité », a-t-elle poursuivi.
Grace Blake, qui travaille au sein de l'Institut social et culturel
gwich'in à Tsiigehtchic, a d'ailleurs abordé la question des langues
officielles au Canada. « Nos langues officielles sont reconnues aux
Territoires du Nord-Ouest, mais pas au Canada. Cela nous rend admissibles à
des sommes d'argent restreintes. Nous devons constamment jouer le jeu du
dollar », a-t-elle affirmé.
Une déléguée du Yukon, Nicole, a souligné le besoin que les communautés
francophones s'allient avec les nations autochtones dans leur lutte pour
conserver leurs langues et leurs traditions. « Il faut reconnaître que ce
que les francophones reçoivent n'enlève rien aux nations autochtones. Mais
les francophones doivent se porter à la défense des droits des peuples
autochtones », a indiqué Nicole.
La principale recommandation consiste donc à reconnaître les premiers
habitants du Canada et à leur démontrer du respect. « Nous sommes
distincts, tout comme les francophones et les anglophones », a souligné Tom
Eagle qui travaille au Tree of Peace Friendship Center de Yellowknife. «
Nous devons avoir un statut, au niveau fédéral, tout comme les francophones
», a déclaré un participant.
L'éducation par l'histoire a émergé comme un pas incontournable pour
enrayer le racisme et la discrimination. « Les programmes enseignés aux
enfants doivent être révisés et inclure l'histoire des autochtones. Les
jeunes autochtones doivent également apprendre dans un environnement
autochtone. Le mode de vie traditionnel doit se refléter dans
l'enseignement », a déclaré Grace Blake. Le système actuel n'intègre pas
l'histoire du Nord et des peuples autochtones, selon plusieurs
participants. Il a également été suggéré que les enseignants qui vont dans
les communautés devraient recevoir des cours. « Pourquoi ne pas donner un
bonus aux enseignants qui parlent la langue de la communauté », a suggéré
une participante.
Il ne faut pas seulement s'attarder à l'école, selon Michael Dougherty,
arbitre au sein de la commission des droits de la personne du Yukon.
« L'école se limite à six heures et demie par jour. Le reste du temps, les
jeunes sont ailleurs », a-t-il souligné.
Développement économique
Pour vaincre la discrimination et le racisme, il faut s'attaquer au
problème de la pauvreté. Les autochtones sont parmi les plus défavorisés au
Canada. Plusieurs d'entre eux sont pourtant victimes de remarques racistes
portant notamment sur l'exemption de taxes accordée à certains. « Pour
chaque dollar retiré de la mine, un dollar devrait être investi dans la
communauté », a souligné une représentante dénée de Yellowknife.
Une autre recommandation consiste à demander à l'Organisation des Nations
Unies de faire la promotion des peuples autochtones face aux
multinationales, afin que ces dernières prennent conscience des impacts de
leurs activités sur les premières nations. « Le gouvernement est dirigé par
les multinationales », a soulevé Grace Blake.
Du côté politique, plusieurs représentants des Premières Nations ont
demandé l'obtention d'un siège lors des caucus des premiers ministres du
Canada. Plusieurs représentants autochtones ont émis le souhait de
participer à la conférence mondiale pour la lutte contre la discrimination
et le racisme, qui se déroulera cet été à Durban en Afrique du Sud.