La musique élaborée par l’Ars Nova, au XIVe siècle, commence à se développer avec Philippe de Vitry, évêque de la cathédrale Saint-Étienne de Maux sur l’ile de Paris, qui participe à l’écriture musicale du Roman de Fauvel. Le Roman de Fauvel est une des grandes œuvres poéticomusicales de la tradition française écrite dans sa version poétique par Gervais du Bus.
Contrairement au Roman de la Rose, écrit au XIIIe siècle par Guillaume de Lorris et Jean de Meung en langue d’oïl (21 780 vers dont plusieurs sont des allégories et des métaphores de beauté et d’élégance de la femme), le Roman de Fauvel composé en 3280 vers écrits en latin, est une satire au momentum socioreligieux que l’Europe est en train de vivre. L’importance de cette œuvre pour l’histoire des arts francs n’est pas seulement les références historiques, mais sa structure musicale avec ses 167 formes musicales monodiques et polyphoniques composées autour de 1313 par Philippe de Vitry.
Les formes musicales monodiques dominantes sont des séquences et réponses, des lais, des virelais, des rondeaux et des conduits tandis que les formes polyphoniques sont des motets. Cette œuvre se trouve à la base de l’analyse théorique de la musique que Philippe de Vitry réalise en 1320 dans son livre Ars nova musicæ, qui rayonne en Europe et inspire toute une mouvance théorique musicale des compositeurs de musique écrite. Les principales innovations qu’il apporte sont l’écriture des barres dans la portée de quatre lignes utilisées depuis Guido d’Arezzo et le mode isorythmie, procédé qui découpe la structure polyphonique en rythmes différents de la mélodie en suivant une norme préétablie appelée taléa.
Guillaume de Machaut, un contemporain de Philippe de Vitry, voyage avec Jean Ier de Luxembourg avant de devenir chanoine régulier de la cathédrale de Reims. Pendant ses voyages, il rencontre des artistes et philosophes de Florence et de Venise et développe son gout de la poésie chantée en amalgamant leur savoir avec son expérience de trouvère. Il étudie en profondeur les écrits théoriques de Philippe de Vitry et compose plus de 400 poèmes chantés qui représentent, avec les œuvres de Francesco Landini, les plus belles compositions de l’Ars Nova. Sa contribution musicale à la polyphonie reste la composition de motets, dont les lignes des voix (en latin et en langue d’oïl) sont écrites en suivant des rythmes imprévisibles par le changement de ligne, ce qui augmente la colorature des voix dans la portée polyphonique.